En el jeroglífico había un ave, pero no se
podía saber si volaba o estaba clavada
por un eje de luz en el cielo vacío. Durante
centenares de años leí inútilmente la
escritura. Hacia el fin de mis días, cuando
ya nadie podía creer que nada hubiese
sido descifrado, comprendí que el ave a su
vez me leía sin saber si en el roto
jeroglífico la figura volaba o estaba clavada
por un eje de luz en el cielo vacío.
 
Dans le hiéroglyphe il y avait un oiseau
mais on ne pouvait savoir s'il volait ou s'il
était cloué par un axe de lumière sur
le ciel vide. Des centaines d'années durant je
lus inutilement l'écriture. Vers la fin de
mes jours, lorsque nul ne pouvait plus
croire que rien n'eût été déchiffré,
je compris que l'oiseau à son tour me lisait
sans savoir si dans le hiéroglyphe brisé
la figure volait ou si elle était clouée par un
axe de lumière sur le ciel vide.
 
Poemas: José Angel Valente  Traductions: Jacques Ancet
Faire du mot la matière
où ce que nous voudrions dire ne
puisse s'enfoncer au-delà
de ce que la matière nous dirait
si, comme à un ventre,
délicat, nous y appliquions,
un ventre nu et blanc,
délicate l'oreille pour entendre
la mer, l'indistincte
rumeur de la mer, qui au-delà de toi,
l'amour sans nom, ne cesse de t'engendrer.
Convertir la palabra en materia
donde lo que quisiéramos decir no pueda
penetrar más allá
de lo que la materia nos diría
si a ella, como a un vientre,
delicado aplicásemos,
desnudo, blanco vientre,
delicado el oído para oír
el mar, el indistinto
rumor del mar, que más allá de ti,
el no nombrado amor, te engendra siempre.
Fui la piedra y fui el centro
y me arrojaron al mar
y al cabo de largo tiempo
mi centro vine a encontrar.
 
Je fus la pierre et fus le centre
et à la mer on m'a jeté
et après des temps et des temps
mon centre enfin j'ai retrouvé.
Qué oscuro el borde de la luz
donde ya nada
reaprece.
 

Obscur le bord de la lumière
où rien ne
réapparaît
plus.
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